29 févr. 2012

Sermont Royal


Comme chaque semaine je vais commencer par la rubrique “astuces high tech”. Sachez qu’un portable qui ne marche plus peut-être réanimé par un bref passage par une machine à laver en marche. C’est arrivé au mien, il ronronne désormais comme un siamois qui se serait pris pour une ford mustang. 


Ma mère et ma soeur étant à leur  habitude totalement fainéantes, j’ai du me fendre de 6 heures d’avion pour les rejoindre à Montréal tandis qu’elles se tournaient les pouces à simplement traverser l’océan. Elles avaient bien changé. Ma pauvre mère, visiblement un peu déraillée, avait pour seule obsession de faire des batailles de boules de neige et de faire des croches pieds à des inconnus en criant “Bien fait pour toi, Falbala”. Quant à ma soeur, elle a passé son voyage à me soutenir qu’elle s’était réincarnée en poisson, qu’elle n’était désormais  plus ma soeur mais ma “hareng-soeur”, et qu’elle voulait qu’on la frisse pour qu’elle passe le reste de sa vie au chaud à se “dorer la gellule”. Elle m’a au moins permis de découvrir que le verbe frire n’admettait pas de conjugaison au subjonctif présent. 

Pour le reste le voyage fut enthousiasmant. Fûmes à Montréal et Québec-ville, mangeames Vladimir Poutine, viment plein de choses. Il est difficile de décider si le québecois moyen est plus un américain francophone ou un francais vivant en Amérique. Les deux pourraient se défendre. On semble néanmoins y nommer plus de quartiers d’après Jacques Cartier que de rues d’après les grands noms de victoires anglaise. Les gens ne semblent pas particulièrement dérangés par leur accent, ce qui peut surprendre, et semblent même heureux de leur existence. Une preuve en est qu’ils enlèvent leurs chaussures en entrant chez eux. Ce qui néanmoins m’a un peu effrayé, puisqu’après les pâtissières et les publicités pour le fromage, les maisons dans lesquelles on est obligés d’enlever ses chaussures viennent assez vite dans la hiérarchie des choses que j’abhorre. 

Pour le jeune étudiant ravagé par un régime de noix et de baies depuis des mois que j’étais, la nourriture fut un haut lieu de ce séjour. Je vais néanmoins éviter de m’y étendre car aborder le sujet plus de 5 lignes sur cette page m’obligerait à fermer ce blog pour impertinence. Mais je tenais à préciser que ce fut là une délivrance, et que mes retrouvailles avec le boeuf m’ont presque rappelé les plus belles heure de la parcimonie capillaire en équipe de France de Football.  

Une forme de snobisme pro-américain fait parait-il dire à certains que Québec-ville est dénuée d’intérêt par rapport à Montréal. Je suspendrai personnellement mon jugement sur cette comparaison équivalente en terme de pertinence aux gens qui entendent, par exemple, établir une hiérarchisation entre  un film de George Lucas et un long-métrage surréaliste des années 50. Nous avons en tout cas appris comment ces perfides D'albions nous ont ridiculement subtilisé le Québec, et comment les québécois racontent aujourd'hui cette histoire en décrivant comme ennemis ceux qui les ont mené à posséder leur nationalité actuelle, et en vantant la gloire de la résistance de ceux qu'ils ne sont plus. 


La fameuse machine à coudre de la glace. Le concept est simple : l'aiguille saisit de la glace et la coud. Profitez vite de la photo car la sculpture devrait y avoir fondu dans quelques jours 



La Biosphère de Montréal. On y apprend notamment, figurez-vous, que l'effet de serre réchauffe la planète. Elle est ici juxtaposée au grand "Bonnet" de Montréal. 



Le Saint-Laurent, qui vient hélas de contracter la Lèpre, comme le prouve cette image assommante. 



Mes accompagnatrices, qui ont bêtement décidé de porter du blanc et donc de faire "blanc sur blanc" sur toutes les photos. Je vous épargne la photo d'une seconde plus tard, quand le gauche de rima vient s'écraser sur la joue droite de sa mère, cette dernière voyant 3 de ses molaires gicler et les perdant ensuite dans la neige. 


Faute de moyens pour embaucher de vrais policiers, le Québec emploie désormais des pingouins pour faire la circulation. Ici, l'agent pingouin indique au piéton à sa gauche que c'est à son tour. Si vous arrivez dans le sens de la photo, en revanche, vous serez priés de vous arrêter. 


J'ai certainement mis d'autres photos sur picasa. 





17 févr. 2012

Anecdotique


"Bonjour
Me voilà bien arrivé au Canada. Les choses s’installent doucement, c’est un joli pays et une jolie ville. J’ai tout à découvrir, et, la découverte étant comme une lettre morte que l’on ouvre au couteau à pain, je me sens pousser les ailes d’un jeune castor en rut. Je n’ai pas encore rencontré mes colocataires mais jusque là ils sont sympas. Je pourrai t’en dire plus quand je les aurai vu. Le temps est clément, plus même peut-être que Pascal. Je ne connais pas bien le sens du mot “mordoré” et trouve qu’il sonne beaucoup trop comme “marmelade”, mais pourtant je sens que je l’appliquerais bien au paysage vancouverite au coucher de soleil. Le campus est immense, et recèle bien des histoires. Comme celle du jeune homme qui est tombé du haut d’un trottoir sur son balcon, et s’est du coup fait viré de la résidence pour avoir déclenché l’alarme incendie. J’espère que tout se porte bien à la maison, notamment le poids de mon absence. Bises matinales. 
Ton frère"

Voilà. Je viens de me rappeler que je n’avais pas envoyé de carte postale à mon frère en arrivant au Canada. J’espère donc que cette faute sera désormais considérée comme réparée. 


J’ai vu Guy Forget. Je sais que ca risque de faire bouillir de jalousie tous les gens pour qui c’est un rêve de longue date, donc j’ai préféré l’annoncer d’entrée. Il était là, scintillant comme à son habitude. Il m’a bien fallu plusieurs heures pour réaliser ce qui m’arrivait. Guy forget, à quelques encablures de mes pieds. 


Non bon en vrai la véritable attraction était “Jo”, Tsonga. Hélas il jouait un clampin canadien et lui a donc roulé dessus, mais ca reste impressionnant. Et puis comme ca j’ai aussi vu l’autre grande “Cocluche” du sport francais, à savoir Julien Beneteau. Encore une fois désolé pour tous les jaloux, j’en connais plus d’un qui vendraient père et mère pour ne serait-ce qu’apercevoir Béneteau. Ce dernier a magistralement perdu, comme il se devait. Heureusement il y’avait une bonne douzaine de francais dans les tribunes donc aucunement une impression d’être écrasé par les éclats de joie canadiens. 

Tout ca se passait sur mon campus, à précisémment 8 minutes à pied de chez moi. Ah c’est une sacrée chance hein ?? ah oui oui oui, c’est un beau coup de bol. Ah ca oui, sur ce coup là, on a eu une chance de cocu. Olalala oui, ca c’est de la moule. Sacré coup de pot. Oui oui oui, un beau tour de passe passe. 


Dans une logique tout à fait Bismarckienne, ma colocation s’est récemment renforcée grâce à l’émergence d’un enemi commun. Concernant 5 d’entre nous, je me demande par quel miracle on a pu être tous les 5 affectés aléatoirement dans le même appartement et s’entendre aussi bien, alors que la moitié des autres appartements sembles mécontents, mornes, ou chiants. Mais il est toujours un 6ème nain, en l’occurence “Charles”, jeune canadien d’origine Hong-Kongaise à la machoir proéminente, qui traine des pieds en marchant, ouvre la bouche en mangeant, ferme la bouche en parlant, ferme encore plus souvent la bouche lorsqu’il ne parle pas, c’est à dire souvent, boit seul dans sa chambre, et étudie l’économie. Aucun problème jusqu’au jour récent ou il décida de ne pas effectuer la tache de nettoyage que chacun doit effectuer hebdomadairement. 

Nous l’avons donc confronté lors d’une ordalie publique, lui expliquant qu’il ne répondait pas à ses devoirs. Il a alors déployé un argumentaire digne d’un mauvais sketch de Francis Blanche, nous expliquant en substance que nous étions trop sales, et que puisque nous étions trop sales il n’avait pas à laver puisqu’il ne contribuait pas autant que nous à la saleté générale. C’est tout juste si il ne sous-entendait pas qu’il se déplacait en lévitation dans l’appartement et urinait directement dans les canalisations de sorte qu’il était neutre à la saleté générale. Du coup, par un mécanisme sociétal bien réputé et intéressant appliqué à ce microcosme, toute “l’absence d’affection” qui s’était accumulée avant est d’un coup devenu une forme d’hostilité, enclavant à regret le pauvre Charles dans le statut de l’antithèse. 
Je ne crois pas vous avoir demandé de lire ce blog, donc ne venez pas m’embeter avec le fait que tout cela ne vous concerne pas. 




Je ferai désormais apparaitre quelques images de mon campus dans mes articles. Commençons donc par le mastodonte du musée de la biodiversité : 




Cet immense squelette de je ne sais quoi trône au milieu du campus. La première fois que je suis passé devant j'ai simplement failli avoir une attaque. 



Et voici la fameuse "Calèche de Calais". Amenée ici en 1637, elle conduisit la reine Elizabeth de l'abbaye de Timadeuc jusqu'à Vancouver. Elle aurait accouché de Georges III à l'intérieur. 




Voici enfin l'un des bords maritimes du campus, où je vais me recueillir par temps clément (Arnaud ?) en revenant de cours. 

Fuyez 





7 févr. 2012

Hera tomme

Au cas ou quelqu'un aurait vu cette page dans  l'intervalle de 3h ou ce blog fut piraté, je précise que l'article intitulé "Deux bouches valent mieux qu'une" parlant de Claude Guéant n'était pas de moi. Mes félicitations à l'auteur néanmoins.

4 févr. 2012

«Avez-vous reniflé les effluves de sang lourd, épanché du taureau sacrifié au crétin bariolé qui brandit sa queue fauve au nez des connes humides des étés Madrilènes ?»


Comme nous le rappelait Le Parrain, “En Sicile, les femmes sont plus dangereuses que les coups de fusils.” Utilisez cette citation et l’article suivant pour discuter le rôle de la Guanine dans l’antipathie générée par le mot “Guacamol”. Allez donc lire cet article fascinant : 

Et arrêtez vous notamment sur sa conclusion : 
“Cette découverte fragilise la frontière entre subjectivité et objectivité, révélant que le cerveau a le pouvoir de confondre ses propres constructions intérieures et les messages issus de la « réalité ». Tout au long de l'histoire humaine, des individus ont prétendu voir des apparitions, des signes célestes, voire des soucoupes volantes. Le cerveau d'une personne très suggestible, lorsqu'il se persuade intensément d'une chose, a le pouvoir de lui donner un caractère perceptible qu'il devient difficile de distinguer de la réalité.”

Vous voyez bien, ce pouvoir formidable d’auto-suggestion du cerveau. Après ca, et beaucoup d’autres choses, qu’on ne vienne pas essayer de me faire encore croire que les gens ne ressentent pas de la “foi” juste parce qu’ils interprètent certains sentiments comme en étant, du fait même qu’ils ont par avance connaissance de l’existence du concept de foi. 

Bref, que personne ne prenne cela pour lui. Ni sur lui d’ailleurs. Et puis savez vous, vivant au Canada, je connais quelque chose du respect des opinions. Je comprends toujours pas très bien ce que ca veut dire, mais en tout cas apparemment c’est drôlement cool. Je m’y connais en respect des vieux et estropiés aussi. J’admire ce respect sincère qui se profile quand les vieillardes se contentent d’un signe de main pour me signifier que ce siège prioritaire leur appartient, ou quand tout un bus crucifie publiquement un passager parce qu’il est entré dans le bus avant une personne en fauteuil roulant. Ou même quand au détour d’une de ses nombreuses questions sur l’épistémologie performative mon prof d’espagnol nous demande si il nous arrive de nous mettre en colère, et qu’une élève répond : "ce qui m’énerve le plus dans la vie c’est quand quelqu’un ne cède pas sa place dans le bus à une personne". 

Moi qui ai toujours eu à peu près autant de passion pour le respect que d’amour pour les cravates de Manuel Valls, je suis, vous vous en doutez, ravi par l’extrémisme qui surgit parfois dans ce domaine ici, bien plus poussé qu’en France sur certains sujets. Les 4 grands méfaits du respect exacerbé, à savoir la suspension du jugement, la suspension du débat, l’hypocrisie généralisée, et le mépris tacite se retrouvent du coup plus présents en général dans les interactions sociales canadiennes. 





J’ai profité du début de semestre et de la visite d’un camarade Bonraisin pour explorer un peu plus mon environnement. Par exemple en allant visiter Victoria, capitale de Colombie-Britannique située à 2h en Ferry (ou 30 minutes d’hydravion) de Vancouver, sur un bout de la grande île. 





Aussi animée qu’une maison de retraite de Mayenne après 23h, la ville possède ce que John Routard appelerait “du charme”, ainsi qu’un magnifique parlement devant lequel une statue de la reine Victoria semble indiquer que le nom de la ville vient de cette dernière. Il pourrait néanmoins également provenir de Victoria Beckham, mais cette hypothèse est écartée par la majorité des syndicats de plombiers. 


Si vous comptez attentivement le nombre de fenêtres du bâtiment, vous remarquerez qu’il n’est pas du tout égal au nombre d’années de règne de Victoria. 


Et voici des inconnus membres du club “Ensemble, soyons épanouis” qui posaient devant les marches et avaient visiblement tous un attrait particulier pour l’harmonie vestimentaire des couleurs.


L’hydravion. Il peut emporter jusqu’à 16 Otaries, mais seulement une dizaines d’hommes. 

Nous avons aussi exploré les alentours de vancouver, à l’exemple d’un grand pont de suspension à 80 mètres de hauteur sur lequel peuvent s’aventurer hommes, enfants, et marcassins. 



J’ai trouvé cette photo intéressante dans la mesure où elle ne rend compte ni du vide, ni de la vue, ni de l’aspect du pont, ni de la longueur de la barbe de victor. 



J’ai à l’occasion découvert cet endroit situé à 15 minutes du centre ville de vancouver. Ca méritait bien de se manger les lèvres. 

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter, et à vous dire.