"Bonjour
Me voilà bien arrivé au Canada. Les choses s’installent doucement, c’est un joli pays et une jolie ville. J’ai tout à découvrir, et, la découverte étant comme une lettre morte que l’on ouvre au couteau à pain, je me sens pousser les ailes d’un jeune castor en rut. Je n’ai pas encore rencontré mes colocataires mais jusque là ils sont sympas. Je pourrai t’en dire plus quand je les aurai vu. Le temps est clément, plus même peut-être que Pascal. Je ne connais pas bien le sens du mot “mordoré” et trouve qu’il sonne beaucoup trop comme “marmelade”, mais pourtant je sens que je l’appliquerais bien au paysage vancouverite au coucher de soleil. Le campus est immense, et recèle bien des histoires. Comme celle du jeune homme qui est tombé du haut d’un trottoir sur son balcon, et s’est du coup fait viré de la résidence pour avoir déclenché l’alarme incendie. J’espère que tout se porte bien à la maison, notamment le poids de mon absence. Bises matinales.
Ton frère"
Voilà. Je viens de me rappeler que je n’avais pas envoyé de carte postale à mon frère en arrivant au Canada. J’espère donc que cette faute sera désormais considérée comme réparée.
J’ai vu Guy Forget. Je sais que ca risque de faire bouillir de jalousie tous les gens pour qui c’est un rêve de longue date, donc j’ai préféré l’annoncer d’entrée. Il était là, scintillant comme à son habitude. Il m’a bien fallu plusieurs heures pour réaliser ce qui m’arrivait. Guy forget, à quelques encablures de mes pieds.
Non bon en vrai la véritable attraction était “Jo”, Tsonga. Hélas il jouait un clampin canadien et lui a donc roulé dessus, mais ca reste impressionnant. Et puis comme ca j’ai aussi vu l’autre grande “Cocluche” du sport francais, à savoir Julien Beneteau. Encore une fois désolé pour tous les jaloux, j’en connais plus d’un qui vendraient père et mère pour ne serait-ce qu’apercevoir Béneteau. Ce dernier a magistralement perdu, comme il se devait. Heureusement il y’avait une bonne douzaine de francais dans les tribunes donc aucunement une impression d’être écrasé par les éclats de joie canadiens.
Tout ca se passait sur mon campus, à précisémment 8 minutes à pied de chez moi. Ah c’est une sacrée chance hein ?? ah oui oui oui, c’est un beau coup de bol. Ah ca oui, sur ce coup là, on a eu une chance de cocu. Olalala oui, ca c’est de la moule. Sacré coup de pot. Oui oui oui, un beau tour de passe passe.
Dans une logique tout à fait Bismarckienne, ma colocation s’est récemment renforcée grâce à l’émergence d’un enemi commun. Concernant 5 d’entre nous, je me demande par quel miracle on a pu être tous les 5 affectés aléatoirement dans le même appartement et s’entendre aussi bien, alors que la moitié des autres appartements sembles mécontents, mornes, ou chiants. Mais il est toujours un 6ème nain, en l’occurence “Charles”, jeune canadien d’origine Hong-Kongaise à la machoir proéminente, qui traine des pieds en marchant, ouvre la bouche en mangeant, ferme la bouche en parlant, ferme encore plus souvent la bouche lorsqu’il ne parle pas, c’est à dire souvent, boit seul dans sa chambre, et étudie l’économie. Aucun problème jusqu’au jour récent ou il décida de ne pas effectuer la tache de nettoyage que chacun doit effectuer hebdomadairement.
Nous l’avons donc confronté lors d’une ordalie publique, lui expliquant qu’il ne répondait pas à ses devoirs. Il a alors déployé un argumentaire digne d’un mauvais sketch de Francis Blanche, nous expliquant en substance que nous étions trop sales, et que puisque nous étions trop sales il n’avait pas à laver puisqu’il ne contribuait pas autant que nous à la saleté générale. C’est tout juste si il ne sous-entendait pas qu’il se déplacait en lévitation dans l’appartement et urinait directement dans les canalisations de sorte qu’il était neutre à la saleté générale. Du coup, par un mécanisme sociétal bien réputé et intéressant appliqué à ce microcosme, toute “l’absence d’affection” qui s’était accumulée avant est d’un coup devenu une forme d’hostilité, enclavant à regret le pauvre Charles dans le statut de l’antithèse.
Je ne crois pas vous avoir demandé de lire ce blog, donc ne venez pas m’embeter avec le fait que tout cela ne vous concerne pas.
Je ferai désormais apparaitre quelques images de mon campus dans mes articles. Commençons donc par le mastodonte du musée de la biodiversité :
Cet immense squelette de je ne sais quoi trône au milieu du campus. La première fois que je suis passé devant j'ai simplement failli avoir une attaque.
Et voici la fameuse "Calèche de Calais". Amenée ici en 1637, elle conduisit la reine Elizabeth de l'abbaye de Timadeuc jusqu'à Vancouver. Elle aurait accouché de Georges III à l'intérieur.
Voici enfin l'un des bords maritimes du campus, où je vais me recueillir par temps clément (Arnaud ?) en revenant de cours.
Fuyez
Merci.
RépondreSupprimerEst-ce que Charles lèche les lames de couteau dont il use ?
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