18 déc. 2011

Et périr au Pérou

Attendez cinq secondes, je reviens, je vais grignoter un truc, je meurs de faim. 
Voilà, pardon. 

Cet article comprend deux sections : 
- un récit photographique 
- Mon testament (à lire impérativement)

Les examens terminés, nous nous sommes offerts 3 jours de ski. Nous "restions" comme les gens disent ici  dans un lodge qui proposait tous les luxes, à commencer par celui de louer des cassettes VHS pour les regarder sur la télé. 


Comme la photo le laisse deviner, le manager n'est autre que Jack Nicholson, dont le fils passe ses nuits dans la salle de bain à parler à son auriculaire. (J'entends déjà les commentaires des puristes s'indignant parce que ca n'est pas son auriculaire, mais je n'ai aucune envie de vérifier). 




Je trouve que trop d'entre vous tendent à oublier que ma station est olympique. Je compte donc bien vous le rappeler par cette photo de moi en quinconce. 


Cette photo entend témoigner du niveau de surpopulation sur les pistes 



La "Gondole" sans support la plus longue du monde. Reliant les deux sommets de la station, elle est caractérisée par une portion de 3,2km sans le moindre pilier de soutien. C'est à peu près la distance qui sépare Donzenac de Malemort-sur-Corrèze. En vrai. Histoire de vous donner une idée des proportions, et des questionnements sur la procédure d'évacuation d'urgence qui viennent à l'esprit quand on est dedans. 



Un point de vue du sommet, qui comme vous pouvez le voir n'a strictement rien à voir avec le genre de paysage qu'on peut observer dans les Alpes ou ailleurs. Rien que la tonalité de gris des nuages suffit à le démontrer. 


Lamartine disait à juste titre "Les amis sont comme des macaronis : Al dente, il font mal aux dents; et trop cuits, ils sont sans saveur". Tout le monde avait ca en tête hier lors de la fête d'adieux aux amis  internationaux qui se tirent définitivement. Ca a rendu ca moins difficile. La longue séance des "je viendrai te voir à..." et "vous êtes les bienvenus à..." en s'arrosant les joues qui rassure toujours les gens dans ces moments là a néanmoins été toujours aussi agaçante. Quand je serai ministre délégué aux adieux, je ferai du serrage de main silencieux l'unique possibilité légale d'adieu. Ca fera le plus grand bien à tous. 

Doté d'un tube de lotion anti-moustique, je suis prêt au départ pour le Pérou. Un périple de plus de 24h  sans ordinateur m'attend pour m'y rendre. Heureusement, j'ai acheté  "The apocryphal Jesus" pour m'occuper et mieux comprendre le nouveau testament.


Nouveau Testament :

Etant donné les probabilités de décès sur place, je vais prendre les devants et vais faire quelques rappels de base sur mes dernières volontés : 
- Ne voyant pas d'intérêt à ce que l'humanité me survive, je ne souhaite pas que mon argent soit dilapidé dans des causes humanitaires. J'aimerais plutôt qu'il soit utilisé pour louer une Eglise pour ma cérémonie d'enterrement (pour l'ambiance),  sans bien sûr que le moindre personnel clérical ne soit convié. 
- Incapable de me décider, je souhaite que mon corps soit tronçonné verticalement en deux. La partie gauche sera enterrée dans un mausolée digne de ce nom, la partie droite sera incinérée, et mes cendres seront incorporées dans une grande mousse au chocolat qui sera servie au buffet après la cérémonie. 
- La cérémonie en question ferait mieux d'être grandiloquente. Discours élogieux mais talentueux, grandes musiques classiques, photographie de moi en 125x200 au dessus de l'autel, orgue majestueuse, et autres. J'autorise éventuellement mon frère à faire la quête pour récolter des fonds pour financer mon mausolée. Son temps de parole sera en revanche limité à 1 minute. 
- Lors de la cérémonie, point de communion bien sûr, mais une dégustation où les hosties seront remplacés par des feuilletés à la saucisse cocktail, en hommage à mon gout pour ce met. 
- Mon mausolée sera surplombé par un colosse représentant sur sa face gauche Diogène de Sinope et sur sa face droite Jean-Claude Mailly. 
- Un essai biographique intitulé "Les génies meurent trop tôt" sera écrit par mes plus proches collaborateurs et reviendra sur la perte que mon décès représente pour l'avenir intellectuel, politique, économique, et scientifique du monde. . 
- L'humour et la bonne humeur devront évidemment prédominer. Plutôt que de regretter mon départ, les gens devront être encouragés à se féliciter que j'ai existé. Il sera aussi clairement rappelé au début de la cérémonie que ma mort ne m'a pas particulièrement attristé ou déplu, que je ne souffre pas particulièrement de l'état de décès, et qu'il est donc inutile de se confondre en regrets pour moi ou de dire que la vie a été injuste. 
- Ce testament sera publiquement lu lors de la cérémonie. 
- Les volontés exprimées ici sont très sérieuses et auront valeur légale auprès d'un notaire. 
- Néanmoins, le défunt souligne que la volonté étant propre aux vivants, et sa conscience ayant disparu avec lui, personne ne devrait se sentir contraint par les souhaits exprimés ci dessus. Le défunt défend même à quiconque d'employer la formule "par respect pour ses dernières volontés". 
- Le paragraphe précédent fait l'objet d'une contradiction transcendentale et ne devrait donc avoir aucune valeur. 


Bonsoir 

13 déc. 2011

Les six mains


Alerte : Cet article comprend du commentaire ennuyeux de fonctionnement local, et pourrait donc être par endroit sans intérêt pour les gens qui n’en ont rien à foutre. 
Les universités canadiennes ont un rituel étonnant qui consiste à faire passer aux étudiants des examens finaux. Ca peut être de simple radios des dents ou une prise de tensions artérielles, mais très souvent il s’agit de devoirs écrits sur table. On voudrait que je dise que de toute façon ici ils sont nuls et que leurs examens sont débiles et que en France d’abord c’est mieux parce que c’est la France et tout. Et pourtant, je vais plutôt dire 
  1. qu’ils ne sont qu’un peu nuls 
  2. que leurs examens sont débiles 
  3. Que la France c’est mieux 
  4. Mais que quand même leur système se défend. 
A l'évidence, on leur demande moins de réfléchir. Les profs donnent souvent (souvent au sens "j'ai arbitrairement universalisé à toute l'université ce qui s'est produit dans 3 de mes cours") avant l’examen une liste des concepts à connaitre et les sujet d’essai potentiels. Les essais sont souvent des définitions extensives des concepts plus que des dissertations. Et l’évocation de l’idée de rester écrire 4h sur un seul sujet leur hérisse des ailerons dans le dos à faire passer un Stégosaure pour un hamster angora
La conséquence en est qu’on peut difficilement comme en France connaitre vaguement son cours et se branlotter dans des transitions extensives pendant 12 pages pour obtenir un 14 et être content. La différenciation est pas valorisée, la réflexion novatrice pas tellement non plus. 
Mais les standards sont différents. Un élève sera désespéré si il n’obtient pas l’équivalent d’un 18. La durée des examens est restreinte de sorte que le temps de réflexion et de mobilisation des idées est nul. Les élèves doivent donc connaitre a merveille leur cours, maitriser leurs concepts, aller très vite, et être très synthétiques. 
De fait, “valider” un cours est extrêmement simple, puisque la proportionnalité garantie entre le temps de travail et le résultat à l’examen est beaucoup plus certaine. Néanmoins, faire mieux que les autres est relativement difficile, et leur système oblige ceux qui veulent réussir à une totale connaissance de fond du cours, ce qui n’est évidemment pas le cas chez nous. Ca m'arrache donc le larynx de le dire, mais leur méthode d’évaluation conduit à un format d’apprentissage intellectuellement peu satisfaisant mais sans doute pragmatiquement plus efficace pour la vie future. 
Tout ca est aussi conditionné au fait que, pour ne pas être modeste, je suis dans une bonne université. Le même système dans la Milwaukee School of Anthropology mène peut être à un niveau vraiment bas. Mais ici les standards sont assez élevés, et la scolarité est d’ailleurs bien plus effrayante qu’à Sciences Po pour les locaux, donc c’est pas complètement pas pertinent. 

http://www.stumbleupon.com/su/1QVGVx/www.dailymail.co.uk/news/article-2072488/Dont-touch-cucumber-Islamic-cleric-bans-women-touching-penis-shaped-foods-case-arouses-them.html

En parallèle, un imam interdit aux femmes de toucher des concombres.  (voir lien ci dessus) 


La vente des tickets pour la coupe davis débutait à 10h00 un jeudi sur internet. Un ami d'ici était chargé d'acheter les places, et le malheureux ne s'est connecté qu'à 10h06. Hélas dès 10h05 il n'y avait plus aucune place, à moins de débourser 160$ pour une journée. Nous arpentons donc frénétiquement internet à la recherche de plans, mais il n'est pas impossible que nous devions regarder à la télévision un match de Coupe Davis France-Canada se déroulant à 12 minutes à pied de chez nous. Nous avons participé à plusieurs leçon de digestion lente et de déglutition mais rien n'y fait, nous avons toujours 13 pilules coincées dans l'oesophage. 

Rien d'hors régulier n'est vraiment à raconter en période d'examen. J'ai quand même dû m'abstraire de mon absence de révision ce weekend pour faire honneur a nos camarades santa-barbaristes qui sont venus nous rendre visite. Ca m'a donné l'occasion de revisiter Vancouver en mangeant libanais. En bref. N'ayant pas pu essayer la machine de jeu vidéo de chasse dans la jungle qui se trouvait dans le bar samedi soir, je ne vois pas ce que je pourrais en raconter d'intéressant. 
Tous les bars et les boites ont ici des écrans sur lesquels ils passent des films (cette fois, "tous" s'appuie sur un échantillon assez significatif). C'est très rigolo. Du coup de gros aguicheurs mal coiffés se remuent les noix avec vergogne juste sous une scène surannée de Retour vers le futur par exemple. 

 Je devrais en revanche sous peu publier ici mon testament, dans la perspective de mon départ au Pérou. Ca devrait être bien plus intéressant que des considérations niaiseuses sur le modèle américain. 


Je vous laisse sur une dernière touche de poésie : 

http://www.sharknews.fr/medias/unusual/2688-les-ados-americains-se-saoulent-avec-des-tampons-dans-lanus








5 déc. 2011

Imaginez une seconde que le verbe déflater soit pronominal

Je me déflate
Tu te déflates
Il se déflate
Nous nous déflatons
Vous vous déflatez
Ils se déflatent

Ca impliquerait qui plus est que n'importe qui serait apte à se déflater à sa guise. Au delà des conséquences pour la conjugaison du verbe elle même, je vous laisse donc un peu entrevoir le drame social qui résulterait de pareil changement.